lundi 1 juillet 2013

le livre RH de l'année!

bien entendu, ce type de classement est assez subjectif. On pourrait donc renommer cet article : "le livre RH de l'année selon lrhwe"... Qu'importe les discussions sur le titre de ce post, c'est bien le contenu que je veux vous faire découvrir. Je suis globalement assez critique sur la littérature qui traite de notre belle fonction (c'est comme pour les blogs; n'importe qui peut écrire!) mais ce "Journal d'une quadra DRH au chômage" m'a enchanté!

Soisic  Navalo ne recevra pas le prix Goncourt ni le prix Fémina mais pourrait prétendre à un prix de la part de l'ANDRH (belle association qui regroupe les principaux acteurs RH de France; les principaux acteurs RH "actifs"...) elle pourrait aussi recevoir un prix du public dans n'importe quel concours. 




sincérité, simplicité, vérité

le style serait plutôt celui de Sophie Kinsella ou d'Helen Fielding, ce qui doit être considéré comme un compliment; le livre se dévore d'une traite, on rit, on pleure, on s'interroge et on s'identifie au personnage. Soisic Navalo, Directrice des Ressources Humaines, raconte sans fard la fin de son histoire longue de 14 ans dans "une grande et belle entreprise" et son entrée dans le monde des chômeurs. Elle raconte sa tristesse, les doutes qui l'assaillent, les comportements un peu bizarres qu'on adopte quand tout à coup, une aventure se termine. Honte, pudeur, étonnement, naïveté, simplicité, culpabilité sont les sentiments par lesquels elle passe successivement, concomitamment, furtivement. De l'ennui, à l'effroi de constater que son agenda est désespérément vide, sa stupeur de voir son statut social remis en cause, en passant par la crainte du lendemain mais également par le plaisir de retrouver le goût de choses simples comme d'avoir le temps de s'occuper d'elle, de ses enfants, de son mari ou encore ses premiers pas dans la peau d'une chercheuse d'emploi, la galère de se (re)constituer un réseau quand on s'est donné corps et âme, les rendez-vous qu'on attend plus, et puis... l'auteur nous explique tout avec une simplicité touchante. Tout y est! Les gens qui vous tournent le dos, les anciens collègues qui osent encore vous raconter leur vie compliquée dans l'entreprise, les nouveaux anges gardiens et aussi ceux qui dressent des obstacles devant vous. Elle les décrit avec des détails toujours mais sans jamais leur en vouloir ou les stigmatiser; elle prend ce qui est bien et met de côté le reste; c'est bien elle qui est actrice de l'histoire qui doit la ramener vers l'emploi. 

la solitude du (de la) DRH

cette histoire est celle vécue par tous ceux qui un jour connaissent le chômage. Elle pourrait être "duplicable" mais c'est bien d'une DRH qu'il s'agit, il n'y a aucun doute. Car dans la restructuration qui sera la cause de sa fin de contrat, elle est bien actrice, malgré elle. Elle sait sa fin prochaine mais c'est bien elle qui réconforte, encourage, console. C'est bien dans son bureau que des collègues indélicats viennent se plaindre, exprimer leurs peurs ou faire part de leur joie de ne pas être impactés par le PSE. Et elle, elle les accueille, elle applique la politique de l'entreprise, elle s'exécute, elle exécute. Elle le fait sans se plaindre, sans montrer ses propres sentiments, avec responsabilité. Car un(e) DRH n'a pas le droit de se plaindre! Non, mais cela ne le (la) met pas pour autant à l'abri. Car à la fin, elle aussi elle part comme les autres. Comme les autres? Pas tout à fait. Parce qu'on ne lui dit rien, parce qu'on n'évoque pas de projet pour elle mais tout cela avec ambiguïté et prudence : il faut la garder motiver jusqu'au bout pour qu'elle puisse assurer sa mission jusqu'à la fin. Et la fin est vraiment particulière au métier de DRH. En effet, dans quelle autre fonction un salarié fut-il Cadre Dirigeant, se verrait demander de rédiger son propre courrier de licenciement après s'être dûment convoqué à un entretien préalable? Ca n'existe que dans notre fonction car nous sommes les seuls à savoir le faire... DRH serait en fait un vrai métier! 

son départ de l'entreprise lui fera prendre conscience que les conseils prodigués à ses "victimes" (activer le réseau, bénéficier de l'outplacement que l'entreprise propose, se concentrer dès le départ sur sa recherche de façon organisée et structurée, se remettre en question... ) sont finalement difficiles à mettre en oeuvre car elle a beau savoir en théorie, on ne connaît les difficultés du chômage que lorsqu'on y est réellement confronté. Et c'est chacun qui se construit, étape par étape, son chemin vers le retour à l'emploi.  

à lire dans toutes les écoles! 

l'histoire touchera évidemment plus les personnes qui ont connu cette situation de "non-travail", celles qui, comme l'auteur, ont du mal à parler de "chômage". Je pense toutefois que ce livre devrait être lu dans toutes les écoles et faire partie du kit de survie de tous les DRH tant la description de ce beau métier, dans sa noblesse comme dans ses traits les plus tordus est fidèle.

Journal d'une quadra RH au chômage ,
Soisic Navalo,
éditions Demos, avril 2013.

bonne lecture


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