lundi 21 octobre 2013

réseaux sociaux et recrutement : arrêter l'hypocrisie...

un professeur de l'Université Paris Dauphine a déclenché une vive polémique cette semaine en demandant à des candidats de se présenter à un concours d'admission avec une impression de leur profil facebook. Le malheureux a été désavoué par sa Direction qui a parlé "d'erreur, de faute qui ne se reproduira pas". L'affaire a été médiatisée en faisant les gros titre de la presse et l'ouverture des journaux des chaînes info. Mais quelle hypocrisie! 

les nombres d'utilisateurs des "réseaux sociaux sur Internet" varient d'une source à l'autre, mais un internaute a fait l'exercice de les compiler et cela donne les éléments suivants pour la France en 2012 (pour en savoir plus, c'est ici). 

Facebook : 26 millions d'utilisateurs
Viadeo : 7 millions
Linkedin : 4.9 millions

pour ne citer que les principaux (pour ne pas être inquiété pour avoir fait de la pub, je vous cite les autres : Youtube, Google+, Instagram, Copains d'avant, Tumblr, Pinterest et Twitter). 

à ce niveau d'utilisation, on ne peut plus parler seulement de phénomène de Société mais ces outils sont entrés tout bonnement dans la vie quotidienne des français. 

ils permettent de maîtriser son image... ou pas

ces sites permettent à des individus de faire connaissance avec d'autres qu'ils n'auraient jamais rencontrés autrement parce qu'ils ne sont pas du même cercle, de la même localisation, des mêmes professions... Ils permettent également de retrouver des connaissances, partager des contenus et depuis pas mal de temps, ils développent d'autres axes : la publicité bien sûr mais également le recrutement. Chacun a ses outils plus ou moins élaborés de diffusion d'annonces, de rencontres avec des chasseurs de tête, de webconference...  que les services soient facturés ou non. 

les recruteurs sont vite entrés dans la danse trouvant ainsi un bon moyen d'avoir accès à des candidats de manière directe en élargissant leur palette de sourcing; les candidats aussi se sont emparés des outils. Le marché est même tellement développé que des consultants vous proposent (sans oublier de facturer cette fois...) d'améliorer, de gérer, de développer votre profil sur ces différents sites. Le recours à un consultant sur ce thème vous fera dépenser de l'argent inutilement, toutefois, il convient de bien prendre garde aux contenus diffusés et à leur accessibilité. Les photos de vacances, celles qui rappellent vos plus beaux exploits au concours de descente de bière lors de cette soirée qui était si sympa, celles qui vous montrent en petite tenue ou dans une position inconfortable sont à ne divulguer sous aucun prétexte! 

en revanche, la reproduction artistique d'un paysage, d'une situation ou la diffusion de vos goûts en matière de lecture, produits en tout genre... en dira long sur vous et viendra compléter avantageusement les informations qu'un recruteur aura déjà à sa disposition. Car il faut se le dire : si les entreprises et les cabinets de recrutement dépensent tant d'argent pour être le plus visible possible en vous incitant à en faire de même, c'est bien parce TOUS consultent Facebook, Viadeo et compagnie.

tous les recruteurs ont des comptes officiels et d'autres "fictifs" pour avoir accès à toutes les informations sur les candidats

le droit nous dit que le candidat a le droit à sa vie privée; c'est un principe fondamental tout comme le fait que toute discrimination doit être proscrite du processus de recrutement. Il est également indiqué dans le Code du Travail que le recruteur doit utiliser les moyens pertinents pour établir si le candidat possède les capacités à tenir un poste. Plus récemment, une charte a été signée en France par des organisations professionnelles, des syndicats, des entreprises dans laquelle les signataires s'engagent à ne pas utiliser les réseaux sociaux pour collecter des informations sur les candidats... 

tout cela est très bien, très louable aussi mais quel étalage de bons sentiments... Il suffit d'avoir passé un moment en entreprise ou de connaître le fonctionnement d'un cabinet de recrutement pour savoir que "googliser" est devenu un terme du langage courant. Et googliser un candidat n'est pas nécessairement fait de façon intrusive ni négative. Cela peut servir à cerner la cohérence d'un profil, ce qui, pour moi, revient à utiliser les moyens pertinents pour connaître les capacités d'un candidat à tenir un poste. Et si le candidat est assez imprudent pour laisser traîner sur son profil des informations qui sèment le doute... c'est bête pour lui. Car, retournons le problème. Le fait qu'un cadre dirigeant de l'entreprise X ou un contrôleur de gestion de l'entreprise Y, voire un comptable de l'entreprise Z se bourre la gueule tous les samedis soirs en adoptant des comportements limites voire carrément hors des clous ne nuirait-il pas à l'image desdites entreprises? 

ces lois, cette charte, tout cet attirail répressif partent du principe que tous les recruteurs sont des méchants qui passent leur temps à discriminer les candidats et qu'en encadrant le recrutement, on le rend plus transparent. Mais, à l'instar du CV anonyme ou des quotas de jeunes, de vieux, de femmes, d'hommes... , toutes ces mesures ne sont-elles pas de nature à compliquer les choses voire à freiner le recrutement? Il y a une évolution dans les outils, impossible d'aller contre, vivons avec, sinon, autant couper les accès à Internet dans les entreprises ou même, allons plus loin : supprimons Internet en France! 

plus sérieusement, miser sur la volonté des entreprises d'avoir les meilleurs candidats pour faire tourner leur activité et penser que pour attirer ces meilleurs candidats elles pourraient être capables d'adopter des pratiques vertueuses même en utilisant Facebook ou un autre canal, est-il si illusoire? 

le professeur de Paris Dauphine a eu l'élégance de prévenir les candidats qu'il allait consulter leur profil Facebook, cela me semble plus simple comme cela. Solidarité! 




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