lundi 29 juillet 2013

DRH : militant multi-causes


Dans le cadre d’une évolution, on a souvent tendance à dire qu’elle ne sera validée qu’à la condition d’être portée par la Direction et relayée par les managers de proximité. Si le résultat est positif, le mérite en reviendra à la Direction dans le cas contraire, les relais désignés seront fautifs.

Ce schéma un peu caricatural sans doute permet de poser la question de la responsabilité de la communication dans l’entreprise. Les managers sont souvent cités comme des freins aux évolutions ; ils sont souvent mis en première ligne et stigmatisés comme étant les responsables d’une mauvaise transmission d’information. Si la communication passe mal avec leurs équipes il y a sûrement plusieurs causes. Tout d’abord, il y a une part de fatalité : pour mal communiquer, il faut être deux. Si le récepteur ne veut pas recevoir le message, il ne passera pas, quelle que soit la forme qu’on lui donne. De plus, les relais de proximité n’ont pas toujours les moyens d’assurer la bonne transmission d’une information. Il n’est d’une part pas toujours évident que le message leur ait été correctement transmis par leur propre manager, d’autre part, la communication ne s’invente pas, c’est une matière qui requiert des compétences et des outils spécifiques. Tous les managers traitent chaque jour avec des femmes et des hommes mais nous ne sommes pas tous DRH.

Les managers de proximité sont avant tout des spécialistes de leur activité, des techniciens ; ils ne peuvent pas tout faire. C’est à la Direction des Ressources Humaines de construire et de leur fournir les outils et les compétences nécessaires à une bonne transmission du message.

La démocratisation des moyens d’information avec l’émergence d’Internet et des journaux gratuits notamment renforcent la complexité de leur communication et entraînent deux nouveautés : les collaborateurs  sont mieux informés (ou se croient mieux informés) et on ne peut pas leur mentir ; d’autre part ils sont parfois difficiles à convaincre ayant des arguments de poids du type : « je l’ai entendu au journal télévisé ». Cette accélération de la circulation des informations oblige à une veille permanente sur les évolutions sociales et doit pousser la Direction des Ressources Humaines à une très grande maîtrise de la communication notamment dans le rythme.

Pour les entreprises évoluant dans un contexte international ou pour celles régies par plusieurs conventions collectives par exemple, la difficulté dans le dialogue social est renforcée : les salariés auront accès aux informations et un acquis dans un autre pays deviendra vite une revendication.

Le contexte économique et social actuel va engendrer l’évolution de la communication. Depuis une vingtaine d’années, des « experts » mettent en garde la Société face au risque représenté par les départs à la retraite de cette fameuse génération du Baby Boom. Ca y est, c’est maintenant. On observe une forte évolution de la proportion de seniors, les moyennes d’âge augmentent dans les entreprises et les départs se multiplient. Malgré toutes les alertes, force est de constater que les conséquences de ces départs de masse n’ont pas fait l’objet de beaucoup d’anticipation. Si l’on y ajoute l’évolution des mentalités au regard du développement personnel et de l’investissement dans l’entreprise, la baisse du chômage dans presque toutes les catégories, on mesure une des problématiques actuelles des entreprises : au pied du mur, elles doivent agir afin de relever le défi du renouvellement des générations et de la fidélisation des salariés ce qui entraîne un bouleversement de plus dans leur communication.

Pour résumer, cela revient à travailler sur la motivation jusqu’à la retraite, l’organisation de la transmission des savoirs, l’identification des compétences nécessaires et de celles dont on dispose, la visibilité de la stratégie de l’entreprise, la confiance des salariés, l’intégration des salariés, la définition de parcours de vie dans l’entreprise, l’attractivité de l’organisation… Une paille lorsque l’on considère qu’aucune autre matière de la fonction Ressources Humaines ne pourra être laissée de côté.

De plus, compte tenu du facteur temps tous les sujets doivent être abordés en même temps. Les partenaires sociaux doivent s’y faire, la négociation dans les années à venir ne portera pas que sur le niveau des rémunérations ce qui n’est pas évident à admettre alors qu’on entend parler 100 fois par jour du niveau toujours plus bas du pouvoir d’achat. Le DRH doit alors faire preuve de pédagogie, de patience, de persuasion et d’enthousiasme.

Les pratiques de Développement Durable, de Label Diversité, d’égalité des chances, amènent de nouveaux terrains de jeu pour la fonction Ressources Humaines par toutes les notions auxquelles elles se réfèrent, par leur faculté à fédérer les parties prenantes. Pour le coup, le DRH tient en mains des sujets qui, en théorie, ne peuvent que mobiliser les salariés, la Direction, les partenaires sociaux : la transparence, la communication ascendante et descendante, le bien-être, l’implication dans les projets, le développement des compétences, le respect de l’environnement, le refus du travail illégal, de celui des enfants…

Travailler sur ces sujets apportera le caractère différenciant nécessaire à l’attraction des candidats et remplira de fierté les salariés. De plus, en communiquant sur ses réalisations l’entreprise atteindra son objectif de développement de sa notoriété. Cela procurera également un avantage concurrentiel à l’activité.

Evidemment, communiquer et développer des outils juste pour la satisfaction de se mettre en avant est illusoire et totalement inefficace. Le principe de ces démarches émergentes est de prendre des engagements, de dire comment on les tiendra et d’apporter la preuve qu’on les a tenus. C’est une chance incroyable de moderniser le dialogue social dans l’entreprise et de répondre aux mutations sociétales. Ces pratiques sont structurantes, impliquantes et doivent être impulsées par la Direction de l’entreprise et relayées au sein des activités par les managers de proximité que la Direction des Ressources Humaines aura formés au préalable… comme de bien entendu !

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