mardi 23 juillet 2013

3 millions de chômeurs et pourtant des emplois non pourvus ; difficile à croire

une information parue dans les Echos du mardi 23 juillet a pour titre : "Hollande poursuit la lutte contre les emplois non pourvus". Le gouvernement, pour pallier cette difficulté, lance une action visant à développer les emplois d'avenir. Ce blog est obstinément dépourvu de considérations politiques et je ne développerai pas la solution mais juste quelques questions sur le problème : comment est-ce possible d'avoir dans le même pays autant de chômeurs (et je ne discuterai pas non plus sur les chiffres) et pourtant des emplois non pourvus?

en déjeunant avec un ami il y a quelques semaines, nous avons abordé le sujet de son activité. Il dirige un cabinet de recrutement qu'il a créé il y a plusieurs années et qui depuis sa création enregistre de belles progressions. Ce développement l'a conduit à se renforcer et il a recruté plusieurs chargés de recherche et à se concentrer sur le développement commercial. Entendant, comme tout le monde, parler de crise du matin au soir, la nuit et en continu sur tous les médias, je l'ai interrogé sur la santé de son business. Il a commencé à me dire que ce n'était pas très florissant, que le marché était dur et qu'il était inquiet pour son objectif de l'année. Ce bilan me semblait en tout point concordant avec ce que je pouvais en craindre, crise oblige. 

le moment qui a suivi m'a rendu la digestion difficile, indépendamment de la qualité et de la saveur des plats du restaurant italien dans lequel nous étions. Activité difficile, je comprenais. C'est quand il m'a dit qu'il connaissait une pénurie de candidats et pas de missions que je n'ai plus suivi du tout. Il est en effet difficilement concevable de constater que les candidats existent mais que les offres ne trouvent pas preneur. En l’occurrence  plusieurs candidats sélectionnés par le cabinet, se sont vus proposer des emplois, souvent correspondant à des progressions et les ont pourtant refusées! 

je savais qu'il existait une pénurie de professeur dans l'Est de la France, de médecins dans le Sud-Est, de chauffeurs routiers dans l'Ouest... et que globalement, le marché du travail est tellement immobile en France que l'offre ne rencontre pas toujours la demande. Mais comment peut-on, aujourd'hui refuser un poste? Quelles sont les raisons qui poussent à accepter l'immobilisme? Les réponses viennent pêle-mêle : peur du lendemain, besoin d'acquérir des compétences (!), envie moindre d'entraîner des changements dans la cellule familiale, le réseau local... 

il est vrai que toutes les entreprises le montrent : elles sont reconnaissantes éternellement à ceux qui ont consacré leur vie à travailler pour elle. Toutes les victimes des plans sociaux de masse en sont persuadées. 

peut-on à la fois dire que l'entreprise est responsable de la vie des salariés et constater que ces derniers prennent le risque de ne pas changer? Evidemment, toutes ces questions sont posées en rafales et si l'on creuse, on s'apercevra que ceux qui perdent leur emploi après 30 ans passées à faire le même métier dans la même entreprise ne sont pas nécessairement ceux que les entreprises recherchent actuellement et dont les compétences manquent. Quoi que! 

doit-on considérer que la vie professionnelle est linéaire, qu'elle ne connaît pas d’accrocs  qu'il est impossible de développer ses compétences, de se reconvertir, se reconstruire... ?

alors, est-ce la faute : du milieu familial qui veut qu'on reproduise ce qu'on a vécu, de l'éducation nationale, du marché, des entreprises, des salariés, des chômeurs, de l'Europe?...

et est-ce que plutôt de passer trop de temps à chercher la responsabilité d'un tel ou un autre, on ne pourrait pas tous se bouger, se mobiliser? Et tous, ça commence par chacun! Libérons l'esprit d'entreprendre, aidons les salariés à se former, permettons aux entreprises de recruter et de se développer. Arrêtons les questionnements, mobilisons-nous! 

4 commentaires:

  1. Bonjour,
    Pour faire écho à la difficulté de trouver des candidats sur le marché du travail actuel et à la mobilisation concrète d'énergies multiples, je témoigne ici comme DRH dans la fonction publique territoriale qui tente depuis quelques mois de participer à l'effort collectif d'insertion professionnelle des jeunes demandeurs d'emploi sortis du système scolaire sans diplôme. Je suis complètement effarée par la difficulté à recruter en emplois d'avenir des jeunes sans diplôme sur des postes ne nécessitant aucune formation préalable...malgré l'identification de postes pérennisables sous 3 ans maximum, en fonction des départs prévisionnels en retraite, avec intégration dans la fonction publique à la clé et donc l'assurance d'une sécurité d'emploi, malgré la mobilisation des missions locales pour nous dégoter des profils de jeunes chercheurs d'emploi correspondants, malgré l'identification de tuteurs internes prêts à accompagner et former ces jeunes... Où est passée la motivation à travailler de nos jeunes??! Quelles sont vos hypothèses pour expliquer cette difficulté à mobiliser ces jeunes sans diplôme sur ce type de poste qui ne nécessite aucune expertise spécifique préalable? Merci de vos éclairages.

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    1. bonjour,

      merci pour votre message.

      quand je parle de difficultés de recrutement, elles ne portent pas uniquement sur "nos jeunes". Il y a souvent inadéquation entre l'offre et la demande mais ce n'est pas simplement un problème de motivation.

      les formations initiales sont trop souvent éloignées des besoins des entreprises à cause des distances entre le monde scolaire et le monde du travail.

      concernant les jeunes, j'ai eu la chance, d'en rencontrer de très motivés, bosseurs, prenant des initiatives, ne rechignant pas...

      je ne pense pas qu'il faille stigmatiser une catégorie ou une autre.

      bonne continuation

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  2. Bonjour,
    Se mobiliser, c'est prendre des initiatives et les proposer.
    Seulement voilà, l'immobilisme est à tous les étages, pas seulement au niveau des candidats.
    Donc au-delà des initiatives et des propositions, faudrait-il aussi qu'il y ait un élan de la part de tout le monde, à vouloir s'aventurer hors des sentiers battus.
    C'est un état d'esprit, tout un pan culturel qu'il faut démolir pour en faire naître un nouveau, tout frais et tout pimpant d'avenir.
    Qui veut démolir ?
    Pas grand monde, parce que nous n'avons pas encore assez touché le fond.
    Pas grand monde, parce que ça fait peur de démolir. Ca fait peur à tel point que la plupart préfère se barricader derrière de faux prétextes, croyant sécuriser ce qu'il y aurait encore à perdre, pour tenter en vain de ne pas le perdre.
    Pour pouvoir démolir ce qui n'a plus de sens, il faut n'avoir plus rien à perdre.
    Pour le moment, il semblerait que beaucoup trop de monde s'imagine avoir encore beaucoup trop à perdre pour se mobiliser.
    Alors attendons sagement que tout ce beau monde touche le fond.
    Espérons que cette lente agonie vers le fond ne réveille pas trop de violence, car c'est bel et bien ce qu'il y a le plus à craindre dans l'affaire.
    Espérons que nous soyons devenus assez matures pour nous réveiller de notre torpeur, avant qu'il ne soit trop tard, avant de répéter l'histoire qui achève ses crises dans des bains de sang et des tortures ignobles.
    Ouvrons-nous plutôt au bon sens qui voudrait justement que l'on n'attende pas d'avoir assez touché le fond. Ce bon sens voudrait aussi que les initiatives et les propositions, surtout les anti-conformistes, soient accueillies à bras ouverts, par les uns et les autres. Plutôt qu'attendre en restant dans le schéma du conformisme sécuritaire, contrôlé et encadré, devenu obsolète.

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    1. merci pour votre message,

      je suis d'accord avec vous quoique le discours paraisse un peu noir et "guerrier".

      il faut arrêter de se regarder les uns les autres, de mettre en avant les différences, les catégories, les statuts...

      mobilisons-nous!

      bonne continuation

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